Imaginez un enfant, au milieu d'un supermarché, qui se met à hurler parce que ses parents refusent de lui acheter une sucrerie. Ou encore, un adolescent qui se renferme sur lui-même après une mauvaise note, incapable de partager sa déception. Ces situations, bien que fréquentes, soulignent un besoin crucial : l'apprentissage de la gestion émotionnelle. Le développement d'une saine gestion émotionnelle chez les enfants est fondamental. Une bonne gestion émotionnelle favorise la résilience, l'empathie et les relations sociales positives. Elle prépare les enfants à devenir des adultes équilibrés et heureux, en leur donnant les outils nécessaires pour naviguer les complexités de la vie, tels que le stress scolaire et les relations interpersonnelles complexes.
La capacité à reconnaître, comprendre, exprimer et réguler ses émotions n'est pas innée. C'est une compétence qui se cultive, qui se nourrit de l'accompagnement et du soutien des adultes qui entourent l'enfant. L'éducation émotionnelle, qui inclut le coaching familial et un soutien scolaire adapté, est essentielle. Nous explorerons ensemble les fondements de cette compétence, les stratégies proactives à mettre en place, les réponses appropriées face aux crises émotionnelles, et l'importance du rôle de l'école et de la communauté dans le développement émotionnel de l'enfant.
Comprendre les émotions et le développement émotionnel de l'enfant
La gestion émotionnelle, bien plus qu'une simple suppression des émotions négatives, est l'art de les reconnaître, de les comprendre, de les exprimer de manière appropriée et de les réguler pour maintenir un équilibre psychologique. Cela ne signifie pas étouffer ses sentiments, mais plutôt apprendre à les identifier, à en comprendre la cause, et à y réagir de manière constructive. En tant qu'adultes, il est essentiel de comprendre que l'émotion est une réaction naturelle à une situation, et qu'elle joue un rôle important dans notre développement personnel, notre bien-être et nos relations interpersonnelles. Une bonne gestion émotionnelle chez l'enfant est donc un investissement pour son avenir.
Il existe six émotions de base, reconnues universellement : la joie, la tristesse, la colère, la peur, le dégoût et la surprise. Chacune de ces émotions a une fonction spécifique et une intensité variable. La joie signale la satisfaction d'un besoin, la tristesse permet de faire face à une perte et favorise le deuil, la colère aide à se défendre contre une menace ou une injustice, la peur prépare à la fuite face au danger réel ou perçu, le dégoût protège contre les substances nocives ou les situations répugnantes, et la surprise permet de s'adapter à un événement inattendu et de réagir rapidement. Il est important de se rappeler que même les émotions dites "négatives" ont leur utilité et qu'il est essentiel de les accepter, de les comprendre et de les exprimer de manière saine et constructive.
Le développement émotionnel de l'enfant se déroule par étapes, de la petite enfance à l'adolescence. Entre 0 et 2 ans, les bébés apprennent à exprimer leurs besoins primaires et à reconnaître les émotions de base à travers les expressions faciales de leurs parents. À 3 ans, ils commencent à comprendre que les autres peuvent avoir des sentiments et des perspectives différentes des leurs, ce qui est un premier pas vers l'empathie. De 6 à 12 ans, les enfants développent une plus grande capacité à réguler leurs émotions, à gérer les situations stressantes comme les examens scolaires, et à comprendre les conséquences de leurs actions sur les autres. L'adolescence est une période de grands bouleversements émotionnels, où les jeunes cherchent à définir leur identité personnelle, à naviguer les relations sociales complexes, et à faire face à la pression des pairs. On estime que 15% des adolescents présentent des symptômes d'anxiété ou de dépression, soulignant l'importance d'un soutien émotionnel adéquat pendant cette période cruciale.
Plusieurs facteurs influencent le développement émotionnel de l'enfant. Les facteurs biologiques jouent un rôle, avec des différences individuelles dans la réactivité émotionnelle. Cependant, l'environnement familial, l'école, la culture et les expériences vécues sont tout aussi importants. Un environnement familial stable et aimant, où les émotions sont exprimées ouvertement et validées, favorise un développement émotionnel sain et une bonne estime de soi. L'école, avec ses interactions sociales, ses défis académiques et la pression des performances, offre également un terrain fertile pour l'apprentissage de la gestion émotionnelle et le développement de compétences sociales. De plus, les valeurs culturelles et les normes sociales peuvent influencer la manière dont les émotions sont exprimées et perçues. L'exposition à des événements traumatisants, comme un divorce, un deuil, ou des violences domestiques, peut avoir un impact significatif sur le développement émotionnel de l'enfant et augmenter le risque de troubles mentaux.
Stratégies proactives pour favoriser la gestion émotionnelle
La prévention est la clé d'une gestion émotionnelle saine et d'une bonne santé mentale. En mettant en place des stratégies proactives, les parents, les éducateurs, et les coachs familiaux peuvent aider les enfants à développer les compétences nécessaires pour faire face aux défis émotionnels de la vie, réduire leur stress et améliorer leur bien-être général. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que près de 20% des enfants et des adolescents dans le monde présentent des troubles mentaux ou comportementaux, soulignant l'urgence d'une approche préventive axée sur le développement des compétences émotionnelles et sociales. Il est crucial d'investir dans l'éducation émotionnelle dès le plus jeune âge.
Créer un environnement émotionnellement sécurisant
Un environnement émotionnellement sécurisant est un espace où l'enfant se sent aimé, accepté et compris inconditionnellement, quelles que soient ses émotions ou ses erreurs. Cette sécurité affective est la base d'un développement émotionnel sain, permettant à l'enfant d'oser exprimer ses sentiments, même les plus difficiles, sans crainte de jugement, de rejet, ou de punition. Les enfants qui se sentent en sécurité émotionnelle sont plus susceptibles de développer une bonne estime de soi, des relations interpersonnelles saines et positives, et une plus grande résilience face aux difficultés de la vie. L'écoute active et l'empathie sont des éléments clés de la création d'un tel environnement.
- Sécurité affective : Créez une relation parent-enfant basée sur la confiance, l'écoute active, et l'acceptation inconditionnelle. Prenez le temps d'écouter attentivement votre enfant, de valider ses sentiments, même si vous ne les comprenez pas toujours ou si vous n'êtes pas d'accord avec ses réactions. Un simple "Je comprends que tu sois déçu" ou "Ça a l'air difficile pour toi" peut faire toute la différence dans la manière dont l'enfant se sent compris et soutenu.
- Modélisation émotionnelle : Soyez conscients de vos propres émotions et montrez à vos enfants comment vous les gérez de manière saine et constructive. Les enfants apprennent beaucoup par imitation, et votre manière de gérer vos propres émotions aura un impact important sur leur développement émotionnel. Au lieu de crier ou de vous emporter quand vous êtes frustré, dites : "Je suis frustré par ce problème, je vais prendre une pause et essayer à nouveau plus tard." Cela enseigne aux enfants qu'il est normal de ressentir des émotions désagréables et qu'il existe des moyens constructifs de les gérer.
- Communication ouverte sur les émotions : Encouragez les enfants à parler ouvertement de leurs émotions, sans crainte d'être jugés, ridiculisés, ou punis. Créez un espace sûr et confidentiel où ils se sentent libres de partager leurs sentiments, même les plus difficiles, comme la colère, la peur, ou la tristesse. Posez des questions ouvertes comme "Comment te sens-tu aujourd'hui ?" ou "Qu'est-ce qui te préoccupe ?" et écoutez attentivement et avec empathie leurs réponses, sans les interrompre ou les minimiser. Environ 70% des enfants se confient plus facilement à leurs parents s'ils se sentent écoutés et compris.
Enseigner le vocabulaire des émotions
Pour pouvoir gérer efficacement leurs émotions, les enfants doivent d'abord être capables de les identifier, de les nommer, et de les différencier. Un enfant qui ne sait pas différencier la frustration de la colère, ou la tristesse de la déception, aura du mal à exprimer ce qu'il ressent de manière claire et précise, et à trouver des solutions appropriées pour gérer ses émotions. L'apprentissage du vocabulaire émotionnel commence dès le plus jeune âge, et se poursuit tout au long de l'enfance et de l'adolescence. Enrichir le vocabulaire émotionnel des enfants est un investissement précieux pour leur bien-être émotionnel.
- Identifier et nommer les émotions : Utilisez des jeux de cartes sur les émotions, des livres illustrés, des applications éducatives, ou des activités ludiques pour aider les enfants à identifier et à nommer différentes émotions. Parlez des émotions des personnages dans les histoires que vous lisez ensemble, ou dans les films que vous regardez. Vous pouvez aussi simplement demander à votre enfant : "Est-ce que tu te sens plutôt joyeux, triste, en colère, effrayé, surpris, ou dégoûté aujourd'hui ?". Il est estimé que 60% des parents admettent avoir des difficultés à aider leurs enfants à identifier et à exprimer leurs émotions, soulignant l'importance de l'éducation émotionnelle.
- Nuancer les émotions : Introduisez des termes plus précis et nuancés pour décrire les émotions. Au lieu de dire simplement "en colère", utilisez des mots comme "frustré", "irrité", "furieux", "exaspéré", ou "rageur". De même, au lieu de dire "triste", utilisez des mots comme "déçu", "mélancolique", "désespéré", "abattu", ou "chagriné". Plus le vocabulaire émotionnel de l'enfant est riche et précis, plus il sera capable d'exprimer précisément ce qu'il ressent, de comprendre les nuances de ses émotions, et de communiquer efficacement avec les autres.
Développer l'empathie et les compétences sociales
L'empathie, la capacité de comprendre et de partager les sentiments des autres, est une compétence sociale essentielle pour la gestion émotionnelle, le développement de relations interpersonnelles saines, la résolution de conflits pacifique, et la promotion du bien-être social. Les enfants empathiques sont plus susceptibles de se soucier des autres, de les aider en cas de besoin, de faire preuve de compassion, et de construire des relations positives et durables. Une forte empathie est souvent associée à une meilleure réussite scolaire, une plus grande satisfaction dans la vie, et une diminution des comportements agressifs.
- Encourager la prise de perspective : Posez des questions qui encouragent les enfants à se mettre à la place des autres, à imaginer ce qu'ils pourraient ressentir, et à comprendre leurs sentiments. Par exemple, demandez : "Comment penses-tu que l'autre enfant se sent quand tu lui prends son jouet sans lui demander ?" ou "Comment te sentirais-tu si quelqu'un te disait des choses méchantes ?". Aidez les enfants à comprendre que les autres peuvent avoir des émotions et des perspectives différentes des leurs, et qu'il est important de les respecter.
- Lecture d'histoires et jeux de rôle : Utilisez des histoires, des contes, des pièces de théâtre, ou des jeux de rôle pour explorer différentes émotions, perspectives, et situations sociales. Choisissez des livres ou des jeux qui mettent en scène des personnages confrontés à des défis émotionnels, des conflits interpersonnels, ou des dilemmes moraux, et discutez avec votre enfant de leurs sentiments, de leurs motivations, de leurs actions, et de leurs conséquences. Les jeux de rôle permettent aux enfants de pratiquer des compétences sociales importantes, comme l'écoute active, la communication assertive, la négociation, et la résolution de problèmes.
Enseigner des techniques de relaxation et de pleine conscience
Les techniques de relaxation et de pleine conscience peuvent aider les enfants à se calmer en situation de stress, à réguler leurs émotions, à améliorer leur concentration, et à cultiver un sentiment de bien-être intérieur. La pleine conscience, en particulier, les encourage à se concentrer sur le moment présent, sans jugement ni distraction, ce qui peut réduire l'anxiété, la rumination mentale, et les réactions impulsives. Une pratique régulière de la méditation de pleine conscience, même de quelques minutes par jour, peut avoir des effets bénéfiques significatifs sur la gestion du stress, la régulation émotionnelle, et la santé mentale des enfants. Environ 10 minutes de méditation quotidienne peuvent améliorer significativement la gestion du stress chez les enfants et les adolescents.
- Respiration profonde : Expliquez et pratiquez des techniques de respiration profonde, comme la respiration diaphragmatique, pour aider les enfants à se calmer en situation de stress ou d'anxiété. La technique de la "respiration du ventre" consiste à inspirer profondément par le nez en gonflant le ventre, puis à expirer lentement par la bouche en dégonflant le ventre, en se concentrant sur les sensations physiques de la respiration. Cette technique simple et efficace peut aider à activer le système nerveux parasympathique, qui favorise la relaxation et le calme.
- Visualisation guidée et relaxation musculaire progressive : Introduisez des exercices de visualisation guidée pour aider les enfants à se détendre, à gérer l'anxiété, et à cultiver des émotions positives. Demandez-leur d'imaginer un endroit calme et paisible, comme une plage ensoleillée, une forêt verdoyante, ou un jardin fleuri, et de se concentrer sur les sensations agréables qu'ils ressentent, comme la chaleur du soleil, le bruit des vagues, ou le parfum des fleurs. La relaxation musculaire progressive consiste à contracter et à relâcher différents groupes musculaires du corps, en se concentrant sur les sensations de tension et de relâchement, ce qui peut aider à réduire la tension musculaire et à favoriser la relaxation physique et mentale.
- Activités sensorielles : Encouragez les activités sensorielles, comme jouer avec de la pâte à modeler, du sable cinétique, de la peinture au doigt, des bulles de savon, ou des instruments de musique, pour aider les enfants à se recentrer, à gérer leurs émotions, et à stimuler leur créativité. Ces activités permettent de stimuler les sens, de relâcher la tension, et de favoriser l'expression émotionnelle non verbale.
Créer une "boîte à émotions" ou un "coin calme"
Une "boîte à émotions" ou un "coin calme" est une ressource précieuse pour aider les enfants à exprimer et à gérer leurs sentiments de manière autonome. Cette boîte ou cet espace contient des objets, des outils, et des activités qui les aident à se calmer, à se distraire, à se réconforter, ou à exprimer ce qu'ils ressentent. C'est un outil personnalisé et adaptatif qui peut être adapté aux besoins spécifiques et aux préférences individuelles de chaque enfant. Environ 75% des enfants qui utilisent régulièrement une "boîte à émotions" ou un "coin calme" montrent une amélioration significative de leur capacité à gérer leurs émotions, à réduire leur stress, et à résoudre leurs problèmes de manière constructive.
Stratégies réactives : comment réagir aux explosions émotionnelles
Même avec les meilleures stratégies proactives et une éducation émotionnelle solide, les explosions émotionnelles peuvent survenir chez les enfants, car ils sont encore en train d'apprendre à gérer leurs émotions et à faire face aux défis de la vie. Il est important de savoir comment réagir de manière appropriée face à ces explosions émotionnelles, pour aider l'enfant à se calmer, à se sentir compris et soutenu, et à apprendre de ses expériences émotionnelles. Environ 40% des parents se sentent souvent dépassés et impuissants face aux crises émotionnelles de leurs enfants, soulignant la nécessité de développer des compétences parentales efficaces en matière de gestion des émotions.
- Rester calme et empathique : Face à une explosion émotionnelle, la première chose à faire est de rester calme, de respirer profondément, et de faire preuve d'empathie envers l'enfant. Évitez de vous mettre en colère, de crier, de minimiser les sentiments de l'enfant, ou de le critiquer pour son comportement. Rappelez-vous que l'enfant a besoin de votre soutien, de votre compréhension, et de votre compassion, même si son comportement est difficile à gérer. Votre calme peut aider à désamorcer la situation et à créer un climat de confiance.
- Valider les émotions de l'enfant : Reconnaissez et validez les émotions de l'enfant, même si vous ne comprenez pas la raison de sa colère, de sa tristesse, de sa peur, ou de sa frustration. Dites quelque chose comme : "Je vois que tu es très en colère" ou "Je comprends que tu sois triste" ou "Ça a l'air difficile pour toi". Cela montre à l'enfant que vous prenez ses sentiments au sérieux, que vous l'écoutez, et que vous le comprenez. La validation émotionnelle ne signifie pas que vous êtes d'accord avec le comportement de l'enfant, mais que vous reconnaissez la légitimité de ses sentiments.
- Écouter activement et offrir un espace sûr : Écoutez attentivement l'enfant sans l'interrompre, le juger, ou lui donner des conseils non sollicités. Laissez-le exprimer ce qu'il ressent, même si cela prend du temps et que ses propos sont confus ou incohérents. Offrez-lui un espace sûr et confidentiel où il se sent libre de partager ses sentiments sans crainte de représailles. Posez des questions ouvertes pour l'aider à clarifier ses sentiments, à comprendre la situation, et à trouver des solutions, comme : "Qu'est-ce qui s'est passé ?" ou "Comment te sens-tu par rapport à ça ?" ou "Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour t'aider ?".
- Aider l'enfant à identifier la source de son émotion : Aidez l'enfant à identifier la source de son émotion en lui posant des questions ouvertes et en l'encourageant à explorer ses pensées, ses sentiments, et ses sensations corporelles. Par exemple, demandez : "Qu'est-ce qui t'a mis en colère ?" ou "Qu'est-ce qui t'a rendu triste ?" ou "Qu'est-ce qui te fait peur ?". Une fois que l'enfant a identifié la source de son émotion, il sera plus facile de comprendre ce qui se passe, de trouver des solutions adaptées, et de prévenir les explosions émotionnelles futures.
- Aider l'enfant à trouver des solutions constructives : Aidez l'enfant à trouver des solutions constructives pour gérer son émotion de manière saine et appropriée. Proposez-lui différentes options, comme prendre une pause pour se calmer, parler à un ami ou à un adulte de confiance, dessiner, écrire dans un journal, faire de l'exercice physique, écouter de la musique, ou pratiquer une technique de relaxation. Laissez l'enfant choisir la solution qui lui convient le mieux et qui correspond à ses besoins. Encouragez-le à expérimenter différentes stratégies et à trouver celles qui fonctionnent le mieux pour lui.
- Fixer des limites claires et cohérentes : Il est important de fixer des limites claires et cohérentes, même en situation de crise émotionnelle. Expliquez à l'enfant ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas en matière de comportement. Il est important de faire la distinction entre l'émotion (qui est toujours acceptable) et le comportement (qui peut être inacceptable). Par exemple, il est acceptable d'être en colère, mais il n'est pas acceptable de frapper quelqu'un, de casser des objets, ou de dire des choses méchantes. Expliquez à l'enfant les conséquences de ses actes et les règles de la maison, de l'école, ou de la société.
Utiliser un "temps de pause positif" et la communication non-violente
Le "temps de pause positif" est un moment où l'enfant peut se retirer volontairement dans un endroit calme, sécurisant, et confortable, pour se calmer, se recentrer, et réfléchir à ses émotions. Contrairement à une punition ou à une exclusion, le "temps de pause positif" est un outil d'autorégulation et de développement de la conscience émotionnelle. L'adulte aide l'enfant à comprendre que c'est un moyen de se calmer, de retrouver son équilibre émotionnel, et de prendre du recul par rapport à la situation. De plus, l'utilisation de la communication non-violente (CNV) permet d'exprimer ses besoins et ses sentiments de manière assertive, sans agresser ou blesser l'autre. Environ 65% des enfants préfèrent le "temps de pause positif" à une punition classique, car il leur permet de se sentir en contrôle de leurs émotions et de développer leur autonomie. Apprendre à exprimer ses besoins et ses sentiments avec la CNV est un atout précieux pour gérer les conflits et construire des relations harmonieuses.
Adapter les stratégies à l'âge et aux besoins de l'enfant
Les stratégies de gestion émotionnelle doivent être adaptées à l'âge, au niveau de développement, à la personnalité, et aux besoins spécifiques de chaque enfant. Ce qui fonctionne pour un enfant de 3 ans ne fonctionnera pas nécessairement pour un adolescent, et ce qui est efficace pour un enfant introverti peut ne pas l'être pour un enfant extraverti. Il est important de prendre en compte les caractéristiques individuelles de chaque enfant, ses forces, ses faiblesses, ses intérêts, ses préférences, et ses défis. L'approche personnalisée est la clé d'une éducation émotionnelle réussie et durable.
- Bébés et tout-petits (0-3 ans) : Focus sur la sécurité affective, la réactivité parentale, et la reconnaissance des signaux émotionnels non verbaux. Répondez rapidement et de manière chaleureuse aux besoins de votre bébé, offrez-lui beaucoup de contacts physiques, de câlins, et de sourires. Utilisez un langage simple et affectueux pour parler de ses émotions et pour le rassurer.
- Enfants d'âge préscolaire (3-6 ans) : Focus sur l'enseignement du vocabulaire émotionnel de base, les jeux de rôle, la lecture d'histoires illustrées, et les activités créatives. Utilisez des jeux de cartes sur les émotions, des marionnettes, des déguisements, et des livres colorés pour aider les enfants à identifier et à nommer différentes émotions, à exprimer leurs sentiments, et à développer leur empathie. Encouragez-les à dessiner, à peindre, à modeler, à chanter, à danser, et à jouer de la musique pour explorer et exprimer leurs émotions de manière non verbale.
- Enfants d'âge scolaire (6-12 ans) : Focus sur le développement de l'empathie, la résolution de problèmes sociaux, les techniques de relaxation, et les compétences de communication. Encouragez les enfants à se mettre à la place des autres, à comprendre leurs sentiments, et à coopérer pour résoudre les conflits de manière pacifique. Enseignez-leur des techniques de respiration profonde, de visualisation guidée, et de relaxation musculaire pour gérer le stress et l'anxiété. Aidez-les à développer leur capacité à écouter activement, à exprimer leurs opinions de manière assertive, et à négocier des solutions gagnant-gagnant.
- Adolescents (13-18 ans) : Focus sur l'identification et la gestion de l'anxiété, de la dépression, et du stress, la communication ouverte et honnête, le développement de l'identité personnelle, et la prise de décision responsable. Soyez à l'écoute des préoccupations de votre adolescent, offrez-lui un soutien inconditionnel, et respectez son besoin d'autonomie et d'intimité. Encouragez-le à pratiquer des activités physiques, à cultiver des relations sociales positives, à poursuivre ses passions, et à se fixer des objectifs ambitieux pour l'avenir.
Il est également essentiel de prendre en compte les besoins spécifiques des enfants ayant des troubles du spectre autistique (TSA), un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), des troubles d'apprentissage, ou d'autres difficultés émotionnelles ou comportementales. Ces enfants peuvent avoir des difficultés particulières à gérer leurs émotions, à interagir socialement, à se concentrer, à suivre les règles, et à s'adapter aux changements. Il est important de travailler en étroite collaboration avec des professionnels de la santé, des éducateurs spécialisés, et des thérapeutes pour élaborer des stratégies individualisées et adaptées à leurs besoins spécifiques.
Le rôle de l'école et de la communauté dans le développement émotionnel
Le développement émotionnel de l'enfant ne se limite pas à la sphère familiale. L'école, la communauté, et la société dans son ensemble jouent également un rôle crucial dans ce processus. L'école offre un environnement structuré, des interactions sociales, des défis académiques, et des opportunités d'apprentissage qui contribuent au développement émotionnel et social des enfants. La communauté, avec ses ressources, ses programmes, et ses services, peut fournir un soutien précieux aux familles et aux enfants qui ont besoin d'aide. Une étude récente a montré que 80% des écoles primaires en France ont mis en place des programmes de développement socio-émotionnel (DSE), témoignant de l'importance accordée à l'éducation émotionnelle à l'école.
- Collaboration parents-école : La collaboration étroite et continue entre les parents et l'école est essentielle pour soutenir le développement émotionnel de l'enfant. Partagez avec les enseignants, les éducateurs, et les conseillers d'orientation vos observations, vos préoccupations, et vos stratégies concernant le comportement, les émotions, et les relations sociales de votre enfant. Travaillez ensemble pour élaborer des stratégies cohérentes et complémentaires à la maison et à l'école, afin de créer un environnement éducatif et stimulant pour l'enfant.
- Programmes de développement socio-émotionnel (DSE) à l'école : Les programmes de développement socio-émotionnel (DSE) à l'école visent à aider les enfants et les adolescents à développer des compétences essentielles telles que la conscience de soi, la gestion des émotions, l'empathie, les compétences sociales, la prise de décision responsable, et la communication efficace. Ces programmes sont généralement intégrés au curriculum scolaire et sont animés par des enseignants, des éducateurs, ou des professionnels de la santé mentale. Les programmes de DSE peuvent avoir des effets bénéfiques significatifs sur la réussite scolaire, le bien-être émotionnel, le climat scolaire, et la prévention de la violence et du harcèlement.
De nombreuses ressources communautaires sont disponibles pour les familles qui ont besoin d'aide pour gérer les émotions de leurs enfants ou pour faire face à des difficultés familiales. Des groupes de soutien pour parents, des thérapies familiales, des consultations individuelles, des ateliers de parentalité, des programmes de médiation familiale, et des services de protection de l'enfance peuvent être proposés par des organismes communautaires, des centres de santé, des centres sociaux, des associations familiales, des professionnels de la santé mentale, et des services sociaux. Il est important de ne pas hésiter à demander de l'aide si vous vous sentez dépassé, isolé, ou si vous avez des préoccupations concernant le développement émotionnel, le comportement, ou le bien-être de votre enfant ou de votre famille. Un enfant sur 5 aura besoin d'une aide psychologique au cours de sa vie, et il est important de ne pas stigmatiser la recherche d'aide professionnelle.